Date : 9 avril 2025
Lieu : Maison Internationale des Associations,  Salle Carson, 15 rue des Savoises, 1205 Genève
Inscriptions : elisa.banfi@unige.ch (Objet : Inscription Horizons 2025)

Organisé dans le cadre du projet de la Faculté de théologie « Pour une théologie à la rencontre des religions » et avec le soutien de la Plateforme interreligieuse de Genève, ce colloque est dédié à l’exploration des relations interreligieuses à travers les ressources théologiques de l’islam et leur pertinence dans nos sociétés actuelles.

Il mettra l’accent sur la théologie comme un outil central de dialogue et d’analyse, permettant de mieux comprendre les dynamiques entre les différentes traditions religieuses et leur évolution au fil du temps.

Il a pour but, d’une part, d’explorer les fondements théologiques qui, dans certains contextes historiques, ont permis à l’islam de devenir une ressource de coexistence interreligieuse. D’autre part, il s’agira d’identifier les conditions contemporaines essentielles pour que les valeurs islamiques continuent de nourrir cette coexistence dans un monde en mutation, en portant une attention particulière aux contextes suisse et genevois.

Informations: https://www.unige.ch/theologie/actualites/Colloque-horizons-croises-lislam-et-les-chemins-de-la-coexistence-interreligieuse

Programme de la matinée

• 9h30 – 10h15  
  Présentation des objectifs de la journée et ouverture des travaux.
  Prof. Beate Bengard et Dr Elisa Banfi
• 10h15 – 11h  
  Une archéologie des rapports entre islam et pluralisme confessionnel en ex-Yougoslavie
  Prof. Nathalie ClayerLes rapports entre islam et pluralisme confessionnel dans les Balkans, en particulier dans l’espace ex-yougoslave, ont été forgés et ont évolué au cours de différentes périodes depuis le début de la domination ottomane dans la région jusqu’à nos jours, à travers des dynamiques complexes. Celles-ci ont été à la fois religieuse, politique, légale et sociale. Elles ont pu venir d’en haut, mais aussi d’en bas, voire résulter de circulations régionales et suprarégionales, intra- ou interconfessionnelles. Ainsi le principe islamique de la dhimma (protection hiérarchisée des gens du livre) s’est conjugué, adapté et effacé au cours des différentes périodes, en particulier selon la nature musulmane ou non-musulmane de la gouvernance, pour conduire à des modes de vivre-ensemble variées et variables.
• 11h00 – 11h30  Pause-café
• 11h30 – 12h00
  Un plaidoyer contre l’antisémitisme à Fès au XVIIème siècle ? Présentation du « Conseil aux gens dupés » d’al-Mayyāra.
  Dr Ilyass AmhararEn toute fin du XVIème siècle, un évènement secoue la communauté des juifs convertis à l’islam de Fès : un commerçant se voit refusée l’autorisation d’ouvrir sa boutique à la Qīsāriyya de Fès au motif que celui-ci appartient à la « race des migrants » ( muhājirīns), c’est-à-dire un ancien juif. Cette décision va susciter l’émoi dans les cercles des oulémas : plusieurs fatwas sont émises invalidant cette décision discriminante. Quelques décennies plus tard, cette question redevient d’actualité. Un des plus célèbres savants tardifs de la Qarawiyyīne, al-Mayyāra, se donne alors comme mission de clore définitivement la question en rassemblant toutes les fatwas émises à ce sujet, et développe ses propres arguments dans un texte qu’il intitule Naṣīḥat al-mughtarrīn – Le conseil aux dupés. Peut-on voir à travers le texte d’al-Mayyāra défendant les juifs convertis un plaidoyer contre l’antisémitisme ? Nous tenterons de répondre à cette question en dégageant les grandes lignes du texte et ses traits les plus saillants.
• 12h00 – 13h
  Coexistence copte-musulmane en Égypte : initiatives et réformes pour une citoyenneté commune
  Dr Hazem al-RahmanyLa coexistence entre coptes et musulmans en Égypte demeure un défi majeur, nourri par des tensions historiques et des aspirations modernes à l’égalité citoyenne. Cette intervention explore le rôle des institutions religieuses égyptiennes dans la promotion d’une coexistence pacifique à travers des initiatives concrètes. Comment le projet de « la Maison de la Famille », né d’un partenariat entre Al-Azhar et les leaders coptes, contribue-t-il à apaiser les tensions interreligieuses et à renforcer les liens sociaux ? En quoi la récente révision historique par Al-Azhar du concept coranique de la jizya marque-t-elle une volonté de transcender les clivages traditionnels pour instaurer le principe moderne de la citoyenneté égalitaire ? Ces questions mettent en lumière le rôle important des institutions religieuses dans la construction d’une société fondée sur l’harmonie, la solidarité et une citoyenneté véritablement partagée.

Programme de l’après-midi

• 14h30-16h
  Table ronde : Face au risque de violence en contexte multiculturel : le rôle essentiel du dialogue interreligieuxTable ronde avec la participation de Jakob Finci et Muris Begovic, modérée par Dr. Cagla Aykac.Jakob Finci, président de la communauté juive de Bosnie-Herzégovine, souligne l’importance de la religion comme ressource pour le vivre ensemble. Depuis leur arrivée au 16ᵉ siècle, les Juifs de Sarajevo ont cohabité pacifiquement avec d’autres communautés religieuses, malgré les guerres et conflits. Pendant le siège de Sarajevo (1992-1996), la neutralité de la communauté juive a permis l’évacuation de plus de 2 000 personnes de toutes origines grâce à l’organisation Benevolencija.  En 1997, Finci a cofondé le Conseil Interreligieux de Bosnie-Herzégovine avec des représentants des communautés musulmanes, catholiques, orthodoxes et juives, pour renforcer le dialogue interreligieux et promouvoir le respect mutuel. La coopération entre ces communautés prouve que le dialogue est essentiel pour bâtir une société harmonieuse. Pour Finci, la religion doit servir de pont pour unir les peuples, et non de barrière pour les diviser. Cette responsabilité commune est cruciale pour assurer une paix et une coexistence durables.Muris Begovic est une figure marquante de l’aumônerie musulmane en Suisse. Né en Bosnie, il a obtenu la nationalité suisse à l’âge de 28 ans. En 2022, à 40 ans, il est devenu le premier aumônier musulman de l’armée suisse, après avoir suivi une formation militaire de trois semaines pour répondre aux exigences de ce rôle. Il a dirigé également l’Association de l’aumônerie musulmane de Zurich Dans ces fonctions, il apportait un soutien spirituel aux détenus et rendait visite aux patients hospitalisés sur demande. Son engagement en tant qu’aumônier militaire découle de son désir de « servir ces personnes qui servent notre pays ». Dans l’armée suisse, les aumôniers sont disponibles pour tous les militaires, indépendamment de leur confession. Bien que Muris Begovic soit de confession musulmane, il souligne : « Je suis aumônier pour tous, je ne mets jamais ma religion en avant ».
• 16h00 – 16h30 Pause
• 16h30 – 17h00
  Table ronde : Au-delà du communautarisme : Jakob Berger, François Garaï et l’Association des Musulmans de Payerne en dialogue modérée par  Dr Elisa BanfiL’Association des Musulmans de Payerne s’est engagée à Payerne dans des manifestations publiques de lutte contre l’antisémitisme et dans la promotion du dialogue interreligieux.Le rabbin François Garaï, figure du judaïsme libéral en Europe, est un fervent promoteur du dialogue interreligieux et a notamment cofondé la Plateforme Interreligieuse de Genève.Jakob Berger réalisateur du film Un juif pour l’exemple, qui relate un acte d’antisémitisme survenu à Payerne, s’est récemment exprimé dans la presse en faveur de la paix au Proche-Orient, déclarant : « Je dirais aussi que c’est le devoir de chaque juif, ou de chaque personne d’origine juive comme moi, de le faire. Si chacun ne fait que défendre les gens qui lui ressemblent, alors on est juste dans le communautarisme. ». Jakob Berger, le rabbin François Garaï et l’Association des Musulmans de Payerne discuteront de leur engagement pour la coexistence religieuse en Suisse.
• 17h00 – 17h45
  Table ronde : Théologie et hospitalité : un engagement interreligieux envers les réfugiés modérée par  Dr. Denis HermannLes Cinq appels en faveur de la protection des réfugiés ont été publiés le 7 novembre 2018 par les communautés religieuses représentées au sein du Conseil suisse des religions, en collaboration avec le HCR pour la Suisse et le Liechtenstein. Ce texte constitue un exemple marquant de l’engagement des religions pour améliorer la situation des réfugiés et des requérants d’asile en Suisse, que ce soit par le soutien aux changements législatifs ou par des actions de sensibilisation et de pression auprès des institutions étatiques.Nous discuterons de la situation actuelle avec Madame Dia Khadam al-Jame, aumônière aux Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG), et Vahid Koshideh, représentant de la communauté chiite, fortement engagé auprès des mineurs afghans non accompagnés. Seront également présents les responsables de l’aumônerie interreligieuse Agora de Genève  Cette rencontre vise à examiner comment, aujourd’hui, les communautés religieuses encouragent l’État à modifier sa législation et ses pratiques afin d’améliorer les droits humains des populations les plus vulnérables dans le contexte suisse.
• 17h45 – 18h15 Questions
• 18h15 – 18h30 Conclusion